vendredi 27 janvier 2017

Gérard Eder: Bascassan, la chapelle de Saint André

Bascassan
La chapelle de Saint André

Par Gérard Eder

Si aujourd'hui beaucoup de gens connaissent le nom de Bascassan c'est essentiellement parce que sa chapelle est citée dans tous les guides concernant le Pays Basque. Elle a été filmée et photographiée à de nombreuses reprises, tant pour le cinéma que pour la télévision ou les revues et magazines consacrées au tourisme et aux voyages. Restaurée de 2004 à 2007, elle est donc le point de référence par excellence du hameau. Cette chapelle est dédiée à Saint André qui, selon la tradition, était né en Palestine et fut le premier disciple de Jésus. C'était aussi le frère de Simon, le futur Saint Pierre. André aurait été crucifié à Patras, en Grèce, en 60 de notre ère sur une croix en forme de X. Cette croix figure notamment sur le drapeau basque mais aussi celui d’Ecosse dont André est le saint patron.
La Saint André se fête le 30 novembre.

Une datation approximative
La chapelle est mentionnée pour la première fois au début du XIVe siècle en 1302. Elle a donc largement plus de 700 ans.  Mais quand a-t-elle été construite ? On n'en sait rien. On peut cependant avancer une hypothèse. Cette chapelle a sa soeur jumelle à Alciette qui elle s'appelle Sainte Croix. Or, à l'époque des Croisades, il était assez courant de construire des églises et des chapelles en l'honneur de la Croix et de ceux qui allaient combattre en Terre Sainte. On estimait que manifester sa foi de cette manière était un atout supplémentaire pour favoriser la victoire des Croisés en mettant le Seigneur de son côté. Deux rois de Navarre participèrent à des Croisades vers cette époque : Thibault 1er en 1239 puis son fils, Thibault II, le gendre de Saint Louis, en 1270. Au cours de cette dernière croisade, Saint-Louis et Thibault II perdirent la vie.  Il est possible que les deux chapelles aient été érigées à cette occasion. Peut-être même, pour être plus précis, vers 1268, année où un effort financier et spirituel en faveur de la future croisade avait été demandé par Thibault II à ses sujets navarrais. Mais tant le bâtiment actuel que sa décoration sont beaucoup plus récents et datent de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle. Cela peut s'expliquer aisément. Comme nous l'avons vu dans le chapitre consacré aux guerres de religion, le protestant Montamat détruisit nombre de châteaux et de lieux de culte catholiques dans la région en 1569. Il est probable que les deux chapelles connurent un triste sort à cette époque pour être reconstruites quelques années plus tard —probablement dans le premier tiers du XVIIe siècle— avec le retour de la paix religieuse et la promulgation de l'Edit de Nantes en 1598.




Des peintures naïves
La chapelle actuelle s'ouvre par un porche surmonté d'un auvent avec, de chaque côté de la porte, des bancs de pierre adossés au mur. Pour y entrer, on glisse une clé dans la serrure sur laquelle figure un petit personnage de fer forgé. La tradition dit qu'il s'agit du diable qui est transpercé par la clé chaque fois que l'on ouvre la porte. C'est tout un symbole.  A l'intérieur toutes les peintures sont naïves et l'artiste a reproduit partout le même visage en l'agrémentant d'ajouts divers selon les personnages. Le nez et les sourcils sont dessinés d'un seul trait. Les personnages sont peut-être inspirés de gravures qui figuraient à l'époque dans les almanachs que proposaient les colporteurs. Ils comprenaient un calendrier qui reprenait en les illustrant les dates des fêtes religieuses et la vie des Saints. La chapelle possède deux retables divisés en travées, chacune renfermant un unique personnage. Chaque personnage est séparé des autres par de petites colonnes cannelées ou torsadées.  Le plus important retable, à trois étages, est ordonné de façon quasi-hiérarchique. Au sommet se trouve Dieu le Père, qui semble sortir du mur en portant dans sa main gauche un globe terrestre surmonté d'une croix et en bénissant de sa main droite ; à sa droite une représentation naïve du Christ portant sa croix sur le bras. Juste au-dessous se trouve le Christ en croix. La position de ses bras levés vers le ciel et non perpendiculaires à la croix suggère une influence du Jansénisme, un austère courant religieux au sein du catholicisme qui se développa aux XVIIe et XVIIIe siècles. De plus, à la différence des autres personnages du retable, Jésus est peint sur une toile collée à la paroi. Cela pourrait indiquer qu'il a été ajouté par la suite alors que le reste du retable était déjà achevé. Il est entouré, à sa droite, de Saint-Jean Baptiste —reconnaissable à sa houlette de pasteur et à l'agneau à ses pieds— et de la Vierge Marie essuyant ses larmes et de Marie-Madeleine. Elle est considérée comme une prostituée repentie dans la tradition catholique classique, mais comme l'épouse du Christ dans des écrits du IVe siècle des Coptes, les chrétiens égyptiens. C'est une thèse qui a été reprise dans le roman à succès de Dan Brown "Da Vinci Code". A côté de cette dernière, on trouve ensuite le donateur anonyme à genoux ou peut-être le prêtre de la paroisse de l'époque. Dans ce cas, ce pourrait être Bernard de Libietta. Enfin au troisième niveau sont représentés de gauche à droite Saint Léon —patron de Bayonne— portant sa tête dans ses mains, Saint Pierre Apôtre, avec les clés du Paradis, Saint André Apôtre au centre sur sa croix en X, Saint Paul Apôtre portant l'épée, car il était d'humeur guerrière avant sa conversion sur le Chemin de Damas, et Saint Pierre martyr.  Le tabernacle en bois doré, plutôt de facture espagnole, est beaucoup plus tardif et date sans doute de la fin du XVIIIe, voire du début du XIXe siècle. Il représente les mêmes saints que ceux du retable principal. Pour pouvoir l'insérer au bas de ce retable, on a scié au moins deux petites colonnades décoratives et leur support qui se trouvaient en son centre. Si on tire un peu vers l'avant le tabernacle, on retrouve derrière celui-ci les mêmes motifs que l'on voit de chaque côté et qui représentent des fleurs dans un pot, preuve supplémentaire que le dit tabernacle est postérieur au retable.



Le Saint patron de l'Inquisition
Mais revenons un instant sur Saint Pierre Martyr. C'est un religieux qui est représenté avec une machette lui traversant le sommet du crâne, tenant une palme dans la main droite, un livre dans la main gauche. Son habit permet d'affirmer qu'il s'agit d'un dominicain. Or cet ordre compta dans ses rangs un Pierre Rosini, canonisé en 1254, deux ans après son assassinat, et surnommé Saint Pierre de Vérone ou Saint Pierre Martyr. Il vécut en Italie du Nord au XIIIe siècle et fut un redoutable inquisiteur. Il devint même Saint patron de l'Inquisition. A ce titre, il envoya au bûcher nombre de malheureux Cathares ou supposés tels, adeptes d'une religion nouvelle prêchant un retour au christianisme primitif. On représente généralement Saint Pierre de Vérone avec une machette, une serpe ou une épée plantée au travers de la tête.  Mais pourquoi un saint italien du XIIIe siècle, qui n'avait jamais mis les pieds en France ou au Pays Basque, serait-il représenté dans la chapelle de Bascassan ? On n'en sait rien. On pourrait supposer que l'artiste anonyme qui a peint le retable était lié aux Dominicains (peut-être même un membre de cet ordre comme son illustre prédécesseur, le peintre florentin Fra Angelico) ou alors que c'était le cas du donateur. Peut-être aussi l'évocation de ce Saint était-elle une façon perfide d'assimiler les Protestants —qui avaient ravagé la chapelle quelques années auparavant— aux "hérétiques" Cathares ? Le mystère demeure.

Le retable des femmes
 A gauche se trouve un retable à deux étages principalement consacré aux Saintes Femmes, c'est à dire notamment celles présentes lors de la Crucifixion. Il est surmonté d’un oiseau doré symbolisant le Saint Esprit. Une femme  dénote dans cet ensemble : Sainte Catherine d'Alexandrie.  Elle est représentée au deuxième niveau, au centre, et est reconnaissable à la palme qu'elle porte au bras, une façon naïve d'indiquer qu'elle venait du Moyen  Orient. La roue placée derrière elle rappelle le supplice qui lui fut infligé. Ce supplice consistait à attacher quelqu'un sur une roue placée horizontalement que l'on faisait tourner alors que les bourreaux assénaient des coups de bâtons au condamné jusqu'à ce que mort s'ensuive. Selon la tradition, elle serait morte en 307, soit deux siècles après les Saintes Femmes.  Sa présence centrale sur ce retable, comme sur celui de la chapelle d'Alciette, s'explique par le fait que la "Confrérie de Sainte Catherine" de Saint-Jean-Pied-de-Port touchait la moitié de la dîme de ces deux chapelles. Pour l'anecdote lors de sa fête, le 25 novembre, des jeunes filles célibataires et cherchant un mari venaient honorer sa statue et renouveler sa coiffure. C'est de là que vient l'expression "coiffer sainte Catherine", c'est à dire n'être toujours pas mariée à 25 ans. A Paris, dans les milieux de la Haute Couture, la tradition voulait que soit organisé chaque année un "bal des Catherinettes" réunissant les petites mains non-mariées travaillant chez les grands couturiers, coiffées pour l'occasion de chapeaux extravagants.

Encadrant Sainte Catherine deux représentations de femmes en assez mauvais état qu'il est difficile d'identifier. Peut-être s'agit-il de Sainte Anne, la mère de la Vierge, et de Marie Salomé, sa soeur. Au centre du premier niveau la Vierge Marie porte l'enfant Jésus et surplombe l'Enfer où des âmes damnées lui demandent d'intercéder en leur faveur. A sa droite, se trouve Marie de Cléophas, soeur de Joseph et donc tante de Jésus, qui apporte du bois et à sa gauche à nouveau Marie Madeleine.  Les spécialistes estiment que les retables de Bascassan sont, avec ceux d'Alciette et d'Ainhoa, parmi les plus anciens du Pays Basque.

La voute céleste
 Le plafond, entièrement peint, symbolise la voute céleste. Outre une multitude d'étoiles il comprend deux astres, la lune et le soleil, qui se ressemblent étrangement. On peut d'ailleurs se demander si ces représentations des astres personnalisés sous forme de visages ne renvoient pas à un culte pré-chrétien, le soleil et la lune ayant toujours été vénérés comme des divinités. Plus près du retable, toujours au plafond, dans une figure géométrique identique à celles des astres, apparaissent quelques figures d'enfants. Peut-être a-t-on voulu par là symboliser les limbes, un endroit distinct du Paradis, de l'Enfer et du Purgatoire où étaient censés demeurer les nouveaux-nés morts avant d'avoir pu être baptisés. Tous attendent donc tranquillement là le Jugement dernier avant d'être admis au Paradis. Enfin, en dessous de cette voute céleste, se trouve une frise composée de dessins géométriques et de fleurs. La restauration de la chapelle, au début des années 2000, a permis de faire apparaître à certains endroits des vestiges de peintures anciennes qui rappellent qu'avant d'être blanchis à la chaux —sans doute au XIXe siècle— les murs étaient entièrement peints de couleurs vives.



Saint Michel à la peine
A droite du retable principal une peinture sur toile représente Saint Michel terrassant le dragon, animal légendaire qui symbolise en fait le Démon. Saint Michel est —avec Gabriel et Raphaël— un archange, c'est à dire un ange haut gradé, une espèce d'officier supérieur des créatures angéliques. Sur ce tableau, il est habillé à la mode Louis XIII, ce qui permet de le dater entre 1610 et 1643. De la main droite il tient une épée et de la gauche une balance pour peser les âmes, ce que faisaient déjà les dieux de l'Ancienne Egypte. Le Dragon, qui est au sol, cherche avec ses pattes griffues à faire pencher en sa faveur un des plateaux de la balance. C'est là un thème classique très souvent repris dans la peinture religieuse qui met en valeur les deux fonctions de Saint Michel, à la fois juge et guerrier.  Mais il est amusant de noter la position pour le moins étrange de l'épée inclinée vers le bas. En tenant l'arme de cette façon Saint Michel n'a aucune chance de tuer le Dragon —voire même de lui infliger une blessure tant soit peu sérieuse— car il ne peut donner aucun élan et aucune force à sa lame. La raison de cette anomalie a été révélée il y a quelques années lorsque ce tableau a été restauré. On l'a passé aux rayons X et on s'est alors aperçu qu'en réalité, dans la peinture d'origine, Saint Michel tenait l'épée au-dessus de sa tête. Mais le peintre avait mal calculé ses proportions ce qui fait qu'une grande partie de la lame sortait du cadre. Il l'a donc effacée puis s'est remis à l'ouvrage en inclinant cette fois l'épée vers le bas pour qu'elle soit entièrement contenue dans la toile.



La chaire et la loggia
Sur le mur de gauche se trouve une chaire peinte et décorée à laquelle on accède par un escalier en échelle. C'est de là que le prêtre prêchait et faisait ses sermons. Juste en face, à droite du maître autel, se trouve une petite galerie, une loggia. Selon la dernière benoîte, Marie Louise Cadiou, c'est de là que suivait la messe une famille importante du hameau, les Mirande. Mais certains affirment qu'elle servait aussi aux chanteurs et aux prêtres durant les vêpres. La décoration au-dessus de cette loggia est plus tardive, sans doute de la seconde moitié du XIe siècle, comme l'indique le thème du Sacré Cœur peint au plafond, un concept religieux généralisé à l'ensemble de l'Eglise catholique par le Pape Pie IX en 1865.

Les fonds baptismaux
Les fonds baptismaux se trouvent immédiatement à gauche en entrant dans la chapelle. Ils prennent la forme d'une armoire murale richement décorée de trois  panneaux.  Le panneau supérieur montre Saint Jean baptisant le Christ sur les bords du Jourdain. Les rives du fleuve sont couvertes d'arbres et de fleurs et le Saint officie de la main droite en tenant toujours son bâton de berger de la gauche. A ses pieds, un agneau blanc lève la tête pour ne rien perdre de la scène. Le panneau intermédiaire est constitué de deux portes avec des motifs floraux. Enfin le panneau inférieur comprend un grand motif géographique. A l'intérieur de l'armoire se trouve une vasque en pierre dans laquelle on mettait l'eau bénite servant au baptême. Le tout est d'une grande fraîcheur.




Un Christ à visage humain
Le Christ en croix, qui se trouve sur le mur de droite en entrant, mérite qu'on s'y arrête un instant. La statue de bois a été en effet remarquablement sculptée. Par sa morphologie le corps du Christ a un aspect humain et diffère à la fois des corps suppliciés et sanguinolents que l'on trouve souvent dans les églises espagnoles, voire des corps athlétiques de body-builders que l'on peut voir parfois ailleurs. Là tout est justement proportionné. Une blessure est apparente sur le flanc droit mais le sang est plutôt suggéré que montré. Le Christ a un visage paisible et semble dormir.  Notons aussi que l'artiste a particulièrement travaillé la coiffure. Il a tressé ses cheveux pour rappeler sans doute les petites nattes latérales, les péotes, que portent encore aujourd'hui les Juifs pieux. Juste à côté du Christ un confessionnal en bois présente peu d'intérêt de même que la sacristie à laquelle on accède par une petit porte. C'est là que se trouve la copie d’une gravure sur papier en deux parties du XVIIe siècle représentant la Crucifixion. L’original est actuellement au Musée Basque car sa conservation n'était pas possible dans la chapelle, beaucoup trop humide.

Un pavement de tombes
Tant sous le porche de la chapelle qu'à l'intérieur se trouvent de nombreuses pierres tombales. Ce qui n'a rien d'exceptionnel. On enterrait souvent les prêtres et les membres des familles importantes à l'intérieur des églises, la pierre tombale faisant alors office de pavement. Ensuite, faute de place, on les enterra sous le porche. Et, enfin, avec la poussée démographique, dans le cimetière qui fut créé tout autour de l'édifice religieux.  Une coutume ancienne voulait d'ailleurs qu'à l'intérieur de l'église les familles installent leurs bancs et leurs chaises sur ou autour des tombes des leurs et fassent brûler de petites bougies torsadées, en cire d'abeille, enroulées en spirales sur elles-mêmes ou autour d'un axe en bois —appelées ici "ezko"  et de l'autre côté "ezkubillo"— sur l’emplacement des chaises de la famille, “jarleku”. Lorsqu'une jeune fille se mariait et venait dans sa nouvelle maison, elle apportait sa propre chaise à l'église. Mais quand la vieille maîtresse de maison mourait, on retirait sa chaise. Plus tard, lorsque l'on n'a plus enterré les morts dans les églises, faute de place, la coutume selon laquelle chaque famille avait ses places réservées à l'église a persisté. Aujourd'hui les gens s'installent n'importe où.

Le mystère de la cloche
Si l'on monte à l'étage par l'escalier de pierre qui se trouve à l'extérieur du bâtiment, on atteint une galerie en bois composée de quatre rangées disposées en gradins qui servent de sièges et de deux petits bancs latéraux situés sur des avancées du balcon. Ce genre de galerie a été construit au XVIIIème siècle pour faire face à l'augmentation de la population. Avant qu'elle n'existe, tout le monde se retrouvait au rez-de-chaussée, les hommes sur les bancs de droite, les femmes sur ceux de gauche. Puis lorsque ces galeries ont été construites, les hommes sont montés à l'étage et les femmes sont restées en bas. Cela peut s'expliquer en partie par le fait que lors de certaines cérémonies —notamment les enterrements— elles jouaient un rôle plus important que les hommes. C'était notamment le cas des femmes des quatre premières maisons entourant celle du mort, qui prenaient le deuil comme la famille. Mais la benoîte officiait aussi pendant la cérémonie. Aujourd'hui ce genre de distinction n'a plus cours. C'est par la galerie que l'on accède au petit clocher percé de deux baies destinées à recevoir des cloches. On n'y trouve cependant qu'une cloche. En l'examinant on apprend que l'année de sa fonte, en 1623, le "rector de Mazcacen —curé de Bascassan— était Bernardo de Libieta et que cette cloche a été fondue dans l'atelier d'un certain Melchior de Quintana. Il existe encore une fonderie de cloches qui porte ce nom dans la province de Palencia, en Espagne, mais il est difficile de savoir si c'est la même. Le dimanche 29 septembre  1623 fut célébrée une grande messe à la chapelle, la première dont on ait gardé la trace. Il n'est pas impossible que la cloche fut installée cette année-là dans l’édifice reconstruit. Enfin une autre inscription indique en latin "Saint André, priez pour nous". 


Dans ce petit clocher, il y a de la place pour deux cloches. Mais où est donc passée la seconde? Une tradition orale raconte que pour empêcher les soldats espagnols de la saisir, des paroissiens de Bascassan s'en emparèrent  et la cachèrent dans une petite montagne au-dessus du hameau que l'on appelle toujours aujourd'hui "sainegi" ou "soinutegui", l'endroit où l'on entend le son de la cloche. Mais peu à peu on oublia son emplacement et aujourd'hui personne ne sait plus où elle se trouve. Cette histoire a sans doute été inventée en juxtaposant deux épisodes qui ont touché la vie locale mais se sont produits à deux décennies de distance. Le premier se situe en juin 1793, lorsque la Convention décida de saisir les cloches pour les fondre et en faire des canons en n'en laissant qu'une seule par église. Il est probable que c'est à cette époque que la cloche de Bascassan fut réquisitionnée et disparut. Mais il faut mentionner que le nom Seinhegi est antérieur à cette date puisqu'on le trouve déjà dans un document notarial du 20 avril 1790.  Le second épisode prend place vingt ans plus tard, à la fin de 1813, lorsque les Espagnols occupèrent la région en poursuivant les armées napoléoniennes qui avaient été vaincues outre-Pyrénées. Mais on voit mal pourquoi ces troupes, au demeurant très catholiques, s'en seraient pris aux cloches des églises. On pourrait toujours imaginer que c'est en 1793 que les villageois cachèrent leur cloche pour échapper à l'ordre de la Convention. C'est évidemment possible. Mais dans ces conditions, rien ne les empêchait un an plus tard, après la chute de Robespierre et le retour progressif de la paix religieuse, d'aller récupérer leur cloche pour la réinstaller. Le fait qu'ils ne le firent pas laisse planer de sérieux doutes sur la véracité de cette histoire. D'ailleurs la chapelle d'Alciette ne possède elle aussi qu'une seule cloche et là-bas aucune histoire ne court à propos de la disparition de la seconde.

Le cimetière
Pour terminer quelques mots sur le cimetière. On y trouve quelques stèles discoïdales anciennes, symbolisant à l'origine sans doute le soleil ou une silhouette humaine, notamment sur le petit tumulus qui se trouve au fond, le long du mur sud. Ce talus n'est pas une tombe mais un remblais de terre sur lequel, il y a une quarantaine d'années, les membres de l'association culturelle Lauburu —qui recensaient les monuments funéraires— ont planté les croix abandonnées qu'ils avaient trouvées éparpillées par terre. Ce sont les plus anciennes. Trois stèles discoïdales datent respectivement de 1617, 1639 et 1684. On y voit aussi une quinzaine de croix bas-navarraises que l'on ne trouve dans aucune autre province du Pays Basque. Ce sont des croix facilement reconnaissables à leurs renflements bi-latéraux arrondis. Elles étaient très en vogue au XIXe siècle. Tout comme la chapelle et la benoîterie, le cimetière est classé à l'inventaire des Monuments Historiques.




Benoîtes de benoîteries

La petite maison qui se trouve tout à côté de la chapelle est la benoîterie,  Serorategia. Elle ne paie pas de mine. Dans un rapport publié en mai 2001, en vue de sa restauration, Bernard Voinchet, architecte des monuments historiques, la décrivait ainsi: "Cette minuscule habitation a des proportions de maison de poupée, les quatre pièces, superposées deux à deux, font 3.2 m sur 2.4 m et 3,2 m sur 2.9 m ; certaines portes ne font que 1,7 m de haut, la hotte de la cuisine est beaucoup trop basse pour y cuisiner, l'accès à l'étage se fait par une échelle de meunier, etc." On pourrait ajouter que le confort était plus que sommaire. Il y avait bien un robinet d’eau froide dans la cuisine mais pas de salle d'eau et encore moins de toilettes. Lorsque nous sommes arrivés en 1983, existait encore sur le côté gauche de cette maison un petit appentis qui masquait la porte latérale et où était entreposé un bric-à-brac d'objets hétéroclites : outils de jardin, morceaux de meubles, vieilles chaises défoncées, etc. Mais il a disparu lors de la restauration. En outre, dans le petit pré attenant on trouvait, contre le mur du cimetière, un clapier à lapins et un petit abri pour empiler les bûches. Il existait également une benoîterie à Alciette, à côté de la chapelle Sainte Croix. Marguerite Goihenetche et Marie Gorostiague y exercèrent les fonctions de benoîtes au XIXe siècle. En très mauvais état, elle a été détruite il y a une quarantaine d'années.  Une autre benoîterie se trouvait à Ahaxe, à côté de l'église Saint-Julien. Deux des benoîtes furent Jeanne Iralour au XIXe siècle et Maddi Necol, au XXe siècle. Elle existe toujours, a été restaurée et a longtemps servi de mairie. A Bascassan Marie-Louise Cadiou habitait Serorategia, ce fut la dernière benoîte du Pays Basque Nord.

Une origine inconnue
 Mais d'où venait l'institution des benoîtes ? On doit honnêtement reconnaître qu'il n'existe aucune certitude à ce sujet.  La première mention de benoîtes date du XVIe siècle outre-Pyrénées, du XVIIe siècle chez nous mais on n'a rien d'antérieur. Une des théories avancées —et qui est au demeurant assez crédible— est qu'elles auraient été les dernières survivances d'un clergé féminin qui aurait existé dans la religion ancienne des Basques. Par la suite l'Eglise catholique, avec semble-t-il beaucoup de réticences, aurait fini par les intégrer à une place subalterne par rapport au prêtre. La hiérarchie catholique semble d'ailleurs, pendant des siècles, avoir éprouvé un malaise à l'égard de cette présence féminine dans les lieux de culte. Outre-Pyrénées la première mention des benoîtes date de 1540, lorsque Bernardo de Rojas y Sandoval, évêque de Pampelune, s'en prend aux benoîtes qui s'occupent des ermitages et des grottes, lieux par excellence de manifestations des divinités païennes. Il veut les remplacer par des hommes qui, pour entrer en fonction, devront avoir reçu l'aval du vicaire général. Quelques décennies plus tard, de ce côté-ci des Pyrénées,  Pierre de Lancre, le chasseur de sorcières, les dénonce dans son livre "Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons", publié en 1612. Il les accuse d'être des femmes de mauvaise vie qui pervertissent les prêtres et servent de véhicule aux sombres desseins du Démon. En Labourd, où on les  assimile aux sorcières, plusieurs finiront sur le bûcher. L'institution des benoîtes semble avoir connu son apogée du milieu du XVIIe siècle au milieu du XIXe siècle. Ensuite elle décline pour pratiquement disparaître au XXe siècle. Beaucoup de villages ont complètement oublié l'existence des benoîtes et la plupart des benoîteries ont été détruites dans l'indifférence générale. Bascassan reste une exception. Il y eut un sursaut à la fin des années 1980 lorsqu'un mouvement d'opinion se dessina pour sauver la benoîterie d'Arbonne, menacée d'être rasée par la municipalité. A la suite de cette affaire quatre d'entre elles (Arbonne, Bascassan, Saint-Pierre-d'Irube et Succos) furent inscrites en 1990 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. A cette date on comptait encore 28 benoîteries en Pays Basque.


Marie-Louise Cadiou devant le retable de Bascassan (Arg. Jakintza 57 z.)


Quel était le rôle d'une benoîte ?
 Cela nous amène à parler des benoîtes. Elles représentaient une institution unique non seulement dans le Sud Ouest mais aussi dans le reste de la France. La benoîte était à l'origine une auxiliaire active du prêtre. Si elle accomplissait des tâches somme toute classiques —ouvrir et fermer l'église, l'entretenir régulièrement, la préparer pour les services religieux et à l'occasion des fêtes, sonner la cloche, laver et prendre soin des vêtements sacerdotaux— elle était bien plus qu'une bonne de curé ou qu'un simple bedeau féminin.  En effet, elle avait sa place réservée pour de nombreuses cérémonies —mariages, baptêmes, enterrements— et les services religieux ne pouvaient commencer que si elle était présente. En outre, lors d'un décès, elle jouait un rôle de premier plan dans la toilette mortuaire avec les femmes de la maison et les premières voisines.  Dans certains villages lorsque le premier voisin venait chercher la croix à l'église  —croix qu'il devait porter devant le cercueil pour ouvrir le cortège funéraire— la benoîte la lui remettait puis sonnait le glas jusqu'à ce qu'il l’ait déposée au domicile du défunt. La durée de la sonnerie indiquait aux villageois à quelle distance de l'église se trouvait la maison du mort. Ils pouvaient ensuite en déduire son identité. La sonnerie du glas était à deux temps s'il s'agissait d'une défunte, à trois temps pour un défunt. Plus tard le premier voisin vint souvent chercher la croix en voiture ce qui mit fin à cette coutume.

Des fonctions multiples
 Quelles étaient ses autres fonctions ? C'est elle qui avec son ezko allumait les ezko apportés par les femmes lors des enterrements ou des messes anniversaires ; elle remettait deux cierges à des femmes proches du mort —soeur, nièce, belle-sœur— qui ensuite les apportaient en offrande à l'autel ; elle faisait respecter les jarleku en interdisant à des personnes étrangères aux familles de s'y installer ; elle sonnait la cloche pour les cérémonies religieuses... mais aussi pour éloigner les orages, la grêle, et les maladies ; elle disait, à la demande, des prières pour le rétablissement des malades, assurer le succès de certaines entreprises comme des projets de mariage, des examens... ; elle avait autorité pour attribuer les nouveaux emplacements de tombes et de caveaux dans le cimetière ; elle enseignait le catéchisme et des rudiments de lecture et d'écriture aux petites filles ; elle prêtait assistance aux femmes qui venaient d'accoucher. Parfois son prestige pouvait être grand parmi les villageois qui n'hésitaient pas à venir lui demander conseil.


Marie Louise Cadiou au cimetière de Bascassan (Arg. Claude Labat)


Nomination et rémunération
A l'origine au moins la benoîte était choisie par l'assemblée de la paroisse parmi les femmes célibataires de plus de trente ans, originaires de la paroisse, pieuses et ayant bonne réputation. Plus tard ces règles se relâchèrent et des femmes mariées purent accéder à cette fonction. Dans certains cas le seigneur local, s'il avait droit de nomination du prêtre, pouvait également intervenir dans le choix de la benoîte, ainsi que l'évêque. Mais il ne semble pas que les uns et les autres disposaient de voix prépondérantes dans ces affaires. La benoîte apportait parfois une dot à la communauté dont les intérêts servaient à la rétribuer. Mais la part la plus importante de sa rémunération lui était payée en nature par les paroissiens qui étaient tenus de lui fournir du blé, du maïs, du millet, du froment, parfois aussi du lait et de la volaille. De plus elle touchait un peu d'argent versé par les familles à l'occasion de chaque cérémonie. Ainsi dans un entretien réalisé il y a quelques années par une jeune femme qui préparait un travail sur les chapelles et les benoîtes, Maddy Nécol, la dernière benoîte d'Ahaxe, se souvenait "que les paroissiens lui portaient du bois, des dons en nature, et qu'ils ne tuaient jamais le cochon sans partager avec elle". Quand les libéralités se faisaient rares "on s'en passait", disait-elle. "Je n'avais pas été très gâtée. Quand il n'y avait pas de poulet, on mangeait des œufs et quand les oeufs manquaient, on se contentait des légumes du jardin".

La benoîterie et les benoîtes de Bascassan

La première benoîte dont on trouve trace à Bascassan est Marie Damestoy. Elle naquît en 1689, probablement à Etxartia, et mourut en 1771, à l'âge de 82 ans. C'est sans doute elle qui fit construire Apezetxea.

Des occupants divers
 La première fois où la benoîterie est mentionnée est le 3 mai 1741 car s'y déroule un acte de vente d'un arpent de terre entre les maisons Harguindeia et Iriberria. Mais pendant tout le XIXe siècle, il n’y a aucune mention de benoîte parmi les habitants de la benoîterie. Par contre on sait qu’en 1815 elle appartenait à Charles Etcheverry (de la maison Etxeherria), en 1825 à un couple formé de Jean Etcheverst, laboureur, et de son épouse, Marie Amestoy. En 1829, elle était occupée par Jean Iralour, décrit comme "laboureur", et en 1905 y décédait Gracianne Çacoutéguy, ménagère, veuve de Raymond Erdois un charpentier qui avait habité un temps à Jauregia. Mais il n'est nulle part indiqué que la seconde Marie Amestoy et Gracianne Çacoutéguy aient été benoîtes.   Il semblerait que déjà à cette époque, la benoîterie servait de simple habitation à des gens de condition modeste qui n'avaient que des liens ténus avec les anciennes benoîtes. Dans un document de vente du 3 février 1942 Gracianne Erdois-Etcheverry, appelée familièrement "Gaxiñaño”, est présentée comme benoîte. Célibataire, elle était née à Ahaxe le 25 février 1855 et s'éteignit vers la fin de la Seconde guerre mondiale chez une de ses nièces, à Aincille. Elle vivait à la benoîterie avec son frère, Manex, célibataire comme elle, qui entretenait le cimetière et un petit potager. Cependant, sur le plan professionnel, elle était couturière et allait dans les maisons réparer les vêtements. A la fin de sa vie elle était à moitié aveugle et n'accomplissait plus guère de tâches dans la chapelle. Mais c'était, parait-il, une vieille dame charmante qui adorait les enfants. Lui succéda peu après Marie-Louise Cadiou, née Indart. Celle que l'on a appelée "la dernière benoîte du Pays Basque" était originaire de Suhescun et  issue d'une importante famille de ce village, les Bachoc.  Un de ses neveux, Erramun Bachoc, est un intellectuel basque spécialiste du bi-linguisme. Elle épousa en 1945 Jean-Baptiste Cadiou, un chaisier originaire de Beyrie-sur-Joyeuse, ce qui valut durablement à Marie-Louise le surnom de "kaderoxa", la chaisière. Il demeurait déjà à la benoîterie lorsqu'elle vint habiter avec lui. Il avait l'habitude de livrer ses chaises au moyen d'une petite carriole accrochée à l'arrière de son vélo. Et lorsqu'il allait vers le bourg d'Ahaxe et n'était pas trop chargé des enfants de Bascassan profitaient de ce moyen de transport pour se rendre à l'école.
Le mariage se déroula à Suhescun et un certain nombre d'habitants de Bascassan y assistèrent. Le couple eut une petite fille qui mourut bébé. Jean-Baptiste Cadiou, que nous n'avons pas connu, décéda le 11 février 1972 à l'âge de 65 ans.


Marie-Louise Cadiou (Arg. Claude Cabrol)


Une propriété communale
Au moment où les Cadiou vinrent habiter la benoîterie, elle était depuis une date indéterminée, propriété de la commune. Cela se déduit d’une délibération du conseil municipal du 28 juin 1953 qui indique : «A la suite du budget, M. le maire fait savoir qu’il convient de faire un bail en règle au sujet de la benoîterie de Bazkazane avec le locataire actuel, Jean-Baptiste Cadiou. M. Le maire propose un bail de trois ans à raison de deux cents francs par mois, soit deux mille quatre cents francs à l’année, payables à M. Le percepteur. Le bail part donc au 1er juillet 1953». Par la suite, il ne fut plus jamais question de ce bail. Ce document est intéressant, d’une part parce qu’il fait de Jean-Baptiste Cadiou le locataire officiel de la benoîterie, ensuite parce que nulle part, il ne mentionne Marie-Louise en tant que benoîte.

Marie-Louise, la dernière benoîte
Ceci dit, Marie-Louise sortait de l’ordinaire par sa personnalité, son allure, avec son béret perpétuellement vissé sur sa tête, et les commentaires savoureux qu’elle faisait sur la chapelle. Elle ne se laissait pas facilement démonter et tombait rarement dans le panneau quand les jeunes lui faisaient une farce, par exemple de se faire passer pour une équipe de télévision. Marie-Louise Cadiou, futée et très comédienne, jouait parfaitement le rôle qu’attendaient d’elle spectateurs et touristes, au besoin en rajoutait. Elle adaptait son discours en fonction du public et endossait volontiers le costume de «benoîte». Elle avait installé une corde reliant la cloche de la chapelle au pied de son lit, ce qui lui permettait de sonner la cloche la nuit en cas d’orage «pour éloigner la grêle de Bazkazane et l’envoyer à Lecumberry». C’était un personnage n’oubliant jamais de nous donner des rameaux de buis béni pour la maison. En contrepartie, nous lui donnions des paquets de café et de sucre. Elle avait repris à son compte un certain nombre de tâches des benoîtes : ouvrir et fermer la chapelle, la nettoyer et la préparer pour les services religieux et les fêtes, sonner les cloches et faire des prières à la demande. Mais sa grande spécialité était celle du guide. Des années après sa mort, des touristes demandent encore «ce qu’est devenue la vieille dame qui expliquait si bien la chapelle».
Marie-Louise s’est éteinte à la maison de retraite Luro à Izpura. Elle était tombée deux ans auparavant et était restée toute une nuit sur le carrelage glacé. Elle avait été trouvée le lendemain matin par Marie-Léonie Minhondo, qui lui parla à travers la porte, mais ne put entrer car la benoîterie était fermée de l’intérieur. Finalement, Marie-Léonie appela de l’aide et on pénétra dans la maison par la fenêtre du premier étage. Marie-Louise fut transportée à la clinique Luro et se rétablit rapidement. Mais le médecin lui interdit de revenir chez elle vivre seule. Elle entra donc à la maison de retraite. Elle eut sa propre chambre, était lavée, soignée et nourrie très correctement. Mais elle avait perdu tous ses repères habituels et semblait désorientée. Avec elle, disparut définitivement, le 6 mars 1991, une institution pluri-centenaire qui a marqué le Pays Basque. Elle avait 87 ans.


Marie-Louise Cadiou près des fonts baptismaux de l'église de Bascassan (Arg. Jakintza 57 z.)
Ce que racontait Marie-Louise
Ci-dessous un bref extrait d’un enregistrement de Marie-Louise du 27 août 1987. Elle décrit les peintures et les ornements de la chapelle. Le double de cet enregistrement fut confié à Marie-Pierre Erguy, journaliste à Radio France Pays Basque.
«Dieu, le globe à la main qui nous bénit de sa main droite. Le Fils avec sa croix, qui nous a sauvés avec sa croix. Saint-Esprit, la colombe, le soleil et tout.
A la deuxième rangée, Jésus-Christ qui supplie avec les deux bras montés et la mère en pleurant avec le mouchoir, que ça veut dire que c’est du XVIe siècle.
Saint Jean-Baptiste, l‘agneau au genou, Saint Jean et le petit franciscain.
Ici, les Apôtres.
Saint André, patron de l’église, patron du quartier qui n’a jamais refusé des grâces. Et qu'à la cloche, c’est écrit : «Saint André, ora pro nobis».
Saint Pierre avec ses clefs qui va nous ouvrir le ciel.
Saint Léon qui a été décapité voulant corriger Bayonne.
Saint Paul qui était boiteux et qui montre le pied tordu.
Saint Pierre martyr, le directeur du couvent dominicain qui guérissait les malades.
Saint Michel qui va nous peser le mal. Et si nous avons plus de mal, le diable tend la griffe. Mais en même temps, Saint Michel va nous défendre avec l’épée.
Ici... les apôtres qui sont sculptés en bois : Saint André, Saint Pierre, Saint Paul, Saint Jean-Baptiste.
La croix de procession qui est aussi été sculptée aussi en seule pièce.
Ici les femmes. Sainte Catherine, le balai à la main droite et le filet à la main gauche, et ses deux amies : ici Marie-Madeleine, et Marie-Cléophas qui porte le bois pour le feu parce qu’il n’y avait pas, ni l’électricité, ni la lumière.
Et la Vierge dont c’étaient les trois cousines.
Deux chaînes en or en suspens à la main de la Vierge pour deux miracles qui sont arrivés ici. Deux filles qui étaient gravement malades et qui sont guéries, un de Biarritz et un d’Ahaxe. Et celle d’Ahaxe qui a les doigts beaucoup plus longues que nous, qui fait des massages. Que bon Dieu l’a guérie pour faires des massages (1).
Et le Purgatoire derrière la statue, il faut approcher pour voir».
(1) Il s’agit de Jeanne Etchepareborde, kinésithérapeute.

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